MONDIALISATION DE LA RESISTANCE LIBERTAIRE

Le mouvement anti-capitaliste le 26 Sept. a Prague


Le 26 Septembre a été une mobilisation de dizaines de milliers de personnes à travers le monde contre le FMI et la Banque mondiale. 12000 sont venues à Prague pour s'opposer directement aux dirigeants du monde capitaliste. Et ils ont réussi ! Nous remercions particulièrement l'important contingent libertaire international. Les manifestants ont réussi à sérieusement perturber la conférence de ces deux institutions. Les banquets luxueux ont été annulés, et la conférence a été interrompue au bout de deux jours seulement, alors que déjà très peu de financiers avaient assisté au deuxième jour du sommet.

Prague S26 a prouvé que les citoyens peuvent prendre le dessus sur les dirigeants du monde, et que beaucoup de choses peuvent être réussies par un petit nombre de personnes, pourvu qu'elles soient organisées. En effet, la mobilisation pour le 26 septembre, l'organisation du contre-sommet de Prague 2000, et les manifestations ont été impulsées par une centaine de personnes, soit dans l'INPEG , soit indépendamment de l'INPEG.

Mobilisation libertaire

Les libertaires ont joué un rôle majeur dans la mobilisation du 26 septembre. Lorsque les libertaires tchèques avaient organisé des actions de solidarité avec les manifestations de Seattle en 1999, ils n'avaient pu rassembler qu'une cinquantaine de personnes. Néanmoins, grâce à notre implication dans les luttes de la classe ouvrière et à nos actions directes, nous avons pu attirer l'attention des travailleurs sur les problèmes de la mondialisation capitaliste. C'est ainsi que les différents groupes impliqués dans la mobilisation ont contribué à ce que 28% de la population soutienne les manifestations du 26 septembre, et que 2000 jeunes travailleurs, chômeurs et étudiants tchèques se joignent aux manifestations à Prague.

L'Organisation Révolutionnaire Anarchiste - SOLIDARITA a été très impliquée dans tout cela. Nous avons coorganisé les manifestations de solidarité pour Seattle et Washington, et le 1er mai 2000. Des militants de notre organisation ont lancé des Ïufs sur la secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright pour protester non seulement contre l'impérialisme américain en Yougoslavie, mais également contre les institutions du capitalisme mondial comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Nous avons ainsi contribué à populariser les manifestations du 26 septembre.

Certains de nos militants ont rejoint l'INPEG pour ouvrir un espace pour les idées anarchistes révolutionnaires lors du contre-sommet. Ils ont également co-organisé les groupes d'aide médicale de rue pour les manifestations. Mais ORA-SOLIDARITA a également organisé une mobilisation libertaire indépendante pour le 26 septembre. Cette mobilisation était sur des bases clairement anticapitalistes et révolutionnaires anarchistes. Nous avons pu localement faire la jonction avec les autres forces tchèques anarchistes et antifascistes libertaires. Nos bulletins, tracts et affiches ont été accueillis très positivement.

Pendant cette prépapration, ORA-SOLIDARITA a également contribué par à provoquer une occupation d'une journée d'une usine, suivie d'une assemblée générale de 1000 salariés pour essayer de mettre en place un comité de grève indépendant des bureaucraties syndicales. Dans une autre usine, nous avons été à l'initiative d'une manifestation autonome de 300 travailleurs, et d'un réveil de la base contre les bureaucrates syndicaux locaux.

Grâce à cet investissement, nous avons pu familiariser les travailleurs avec les idées anticapitalistes des manifestations du 26 septembre. Dans au moins deux usines, la base syndicale a demandé une participation collective aux manifestations de Prague.

Anti-mondialisation ou anticapitalisme ?

Les participants au Jour d'Action Mondial du 26 septembre avaient des conceptions différentes de ce pour quoi nous nous battions. Beaucoup de verts, de socio-libéraux et syndicalistes non radicaux en tout genre essayent désespérément de faire de ce nouveau mouvement mondial un mouvement " contre la mondialisation (économique) " et proposent une version réformée de l'exploitation capitaliste actuelle. Malheureusement, beaucoup de militants sincères tombent dans ce piège, même lorsqu'ils se définissent eux-mêmes comme anticapitalistes.

La raison en est simple : ils n'ont plus de vision d'une stratégie anticapitaliste plus large. Ils sont si enthousiastes au sujet de ce nouveau mouvement, qui est dans une large mesure basé sur la démocratie directe fédéraliste et l'action directe, qu'ils peuvent facilement être tentés de réduire l'anticapitalisme à la lutte contre les conférences capitalistes.

Mais nous devons détruire tout le système capitaliste et le remplacer par un meilleur système. Ce but ne peut être atteint que par la révolution sociale autogérée. Les anarchistes révolutionnaires pensent que cela exige de répandre les idées libertaires parmi le prolétariat et d'encourager son auto-organisation, par la persuasion et l'exemple des actions directes collectives.

Ceci signifie que, lorsqu'elle est productive, nous ne nous lamentons pas avec les pacifistes horrifiés par la " violence ". Ce qui compte finalement, ce n'est ni le nombre de policiers blessés ou de MacDonald's détruits, mais le nombre de travailleurs au moins partiellement gagnés à notre cause.

Le futur du mouvement

Pour continuer à insuffler un véritable esprit anticapitaliste dans ce mouvement, nous devons continuer à nous impliquer localement dans les luttes quotidiennes qui intéressent les prolétaires. Nous devons réellement essayer de faire pénétrer les idées libertaires parmi eux. Bien sûr nous devons sans relâche utiliser les mobilisations mondiales comme des occasions de fédérer toutes ces luttes sociales et tous ces mouvements en un puissant mouvement internationaliste. Partout, nous devons Ïuvrer pour une Alternative libertaire, pour la Liberté, l'Autogestion et le Socialisme.

Pour avoir une chance de prendre le dessus sur les libéraux et les sectes léninistes que nous avons déjà débordés à Prague le 26 septembre, il faut que les idées libertaires ou véritablement anti-capitalistes soient bien ancrées dans les luttes sociales locales en vue du prochain Jour d'Action Mondial. Pour cela, les libertaires ont véritablement besoin d'organisations aussi bien nationales qu'internationales, qui aient une unité politique et stratégique, des réseaux coordonnés pour augmenter l'efficacité de leurs interventions grâce à une stratégie, des tactiques, des solidarités et des résistances communes, et décidées de façon commune. Nous avons besoin d'une plus grande unité des libertaires.

Après le 26 septembre

Les libertaires lutte de classe tchèques se retrouvent dans une position très difficile après le 26 septembre. Les médias, qu'ils soient capitalistes ou d'Etat, font de leur mieux pour attiser l'hystérie collective contre l'anarchisme. Ils utilisent les confrontations entre anarchistes et policiers et les dégâts contre la propriété bourgeoise pour essayer de discréditer les manifestations anti-FMI et Banque mondiale, et cacher le fait que les véritables criminels étaient dans le Palais des Congrès, protégés par la violence policière.

Le gouvernement social-démocrate aimerait faire passer des lois scélérates et autoritaires pour rapprocher un peu plus notre pays de l'état policier totalitaire d'avant 1989. Ces lois permettraient à la police tchèque d'utiliser des balles en caoutchouc contre les manifestants et d'interdire aux manifestants de porter des cagoules et des écharpes pour dissimuler leur visage. Les politiciens de droite réclament la tolérance zéro contre l'anarchisme, qu'ils assimilent à un nouveau bolchévisme. Ils réclament le droit de tirer contre les manifestations anarchistes et des poursuites contre ceux qui répandent la " haine de classe ".

Malgré tout cela, une certaine partie de ces 28% de Tchèques qui soutenaient le contre-sommet avant les manifestations est capable de voir au-delà des mystifications policières et médiatiques, jusqu'à nous soutenir et soutenir les manifestations dans une certaine mesure. Lorsque la police a attaqué la place Wenceslaw le soir du 26 septembre en envoyant des grenades lacrymogènes contre les personnes rassemblées devant le Musée National, de nombreux travailleurs âgés se sont rappelés de 1968, quand les chars soviétiques avaient fait feu contre le Musée National. Cette fois, nous avons subi l'impérialisme occidental et non soviétique, défendu par la police tchèque et non par une armée étrangère.

Mais ORA-SOLIDARITA ne cédera pas ! Nous retournons sur les lieux de travail et dans les quartiers pour continuer notre activité militante, dire la vérité aux gens sur ce qui s'est passé à Prague, et construire sur nos succès précédents.

Secrétariat international de l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste SOLIDARITA

(traduction de Scapin)

 


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